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Le sourire contre la fatalité

Dernière mise à jour : 3 nov.

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CONSCIENCE NOCTURNE


Je viens d’arriver à Marrakech puis à Tameslohte, petit village hors du temps à une heure de l’agitation de la grande ville.

 

Voilà 5 jours que je me demandais comment ne pas annuler ce voyage qui me tenait tant à cœur ; un engagement humanitaire et personnel vis à vis des petits protégés et de l’équipe admirable du Centre Fiers et Forts. Un orphelinat comme on dit ici, même si la notion d’"orphelin" est un peu différente de la nôtre. Un refuge sécurisant et indispensable pour les petites filles, petits garçons et adolescents victimes de la souffrance invisible, indicible. Une réalité qui parle à mon histoire…

 

Voilà cinq jours que je ne savais plus comment ordonner ou supplier à mon corps de ne pas me clouer au sol parisien, de ne pas baisser les armes face à un nouveau pic de cette maladie qui défie la part active de mon existence. Maladie « orpheline », notion récurrente.

 

Voilà cinq jours que le soutien de mes proches fait écho à mon instinct. Je les entends tous deux plus forts que les douleurs et décide de parier sur ma résistance mentale. Je prends ce vol qui me conduirait à la place exacte où je devais être, connectée au torrent de tendresse des enfants de Tameslohte. À chaque venue, ce sont eux qui me font des cadeaux, celui de les envelopper de toute mon affection, celui encore de leur transmettre la magie des mots et de l’écriture. Ils me prénomment « Madame Flo », surnom adorable qui fait sourire mon cœur en un instant, tout autant que la chaleur humaine des équipes du Centre Fiers et Forts menées par deux femmes exceptionnelles.

 

Voilà cinq jours que je savais qu’à mon tour, je devais me montrer fière et forte, fixer l’objectif, les visages des enfants et faire taire l’obstacle, dépasser la contrainte physique.

 

Pari gagné…

 

Je suis là où je devais être. La joie se distille dans mes veines, le soleil du ciel et l’intensité des regards réchauffent mon âme et apaisent mon corps. Depuis mon arrivée je m’amuse à constater que je suis la preuve vivante que l’amour soigne, que les sourires sauvent, construisent, fortifient. Nous le savons, nous l’avons toutes et tous expérimenté au cours de notre vie, mais le ressentir au plus profond de moi me conduit ce soir à des réflexions sur ce pouvoir puissant et fondamentalement humain qu’est le sourire…

 

Ressource naturelle inépuisable, universelle, gratuite. En avons-nous assez conscience ? Existe-t-il une autre richesse similaire ? L’amour sans doute, mais le sourire est aussi une forme d’amour. C’est une prise en compte heureuse de l’Autre, un geste, une main tendue vers un regard. Une connexion à notre essence humaine...

 

Lorsque nous accueillons ou offrons un sourire pour rompre un temps de solitude, un instant de peur, de doute, une tristesse, ne ressentons-nous pas le bienfait de cet acte apparemment anodin ? Soudainement il nous rappelle ce qui compte vraiment, ce qui reste, ce regard conscient. Celui d’un humain qui souligne la présence d’un autre humain en lui transmettant ce signal. Fibre d’humanité.

 

Vision enfantine ou naïvement positive pensez-vous peut-être, à l’heure où la gentillesse est souvent taxée de faiblesse ? Au contraire, la force du sourire est à mes yeux une vision lucide, existentielle, rationnelle, celle d’une arme ou d’un bouclier, de paix et de joie dont nous avons toutes et tous la liberté et la responsabilité de nous servir. 

 

Combien d’entre nous ont déjà constaté que c’est souvent dans les pays les plus démunis face à la guerre ou à la pauvreté que les sourires sont les plus riches, les plus généreux ? Oublions-nous ce pouvoir, nous, hommes et femmes des pays chanceux ? Oublions-nous que le sourire est une force, un acte altruiste, un acte humain, un acte simple et nécessaire, pour colorer le monde face à la noirceur de ses chaos ?

 

Souvenons-nous alors que ce petit geste, ce petit don de soi est doté d’un rayonnement immense, d’une persistance naturelle. Un sourire génère souvent "des" sourires.

 

Mimie, Dorine, Youssef, Abderrahim, Salima, Omar, Jamila, Mohamed, Tim, Jérémie, Jamal, Yassine et tous les enfants, petits et grands, de Tameslohte que j’ai pris dans mes bras ou dont j’ai partagé un morceau d’existence : vous êtes mes étoiles cette semaine et pour longtemps encore.

 

Je vous dédie cette chronique imprégnée de la senteur du couscous partagé vendredi au milieu des oliviers… Pour toujours votre sourire est vainqueur du combat contre la fatalité, votre sourire dessine sur vos visages et dans mon âme la force et la dignité.

 

À mes auditrices et auditeurs, lectrices et lecteurs, je partage avec vous cette chaleur humaine, ce joyau universel qu’est le sourire…


Prenez soin de vous et savourez l’existence 🫶


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